Souvent sous-estimées, les conséquences négatives sur la santé engendrées par la pollution sonore font pourtant consensus chez les experts du sujet. En Europe, plus de 110 millions de personnes, soit 20 % de la population du continent, sont concernées, révèle un rapport de l’Agence européenne de l'environnement (AEE).
La principale source de pollution sonore dans le quotidien des Européens est sans surprise liée aux transports. Parmi eux, le trafic routier est la source de bruit la plus gênante dans la vie de tous les jours avec environ 92 millions de personnes exposées aux sons des moteurs.
En comparaison, le train importune 18 millions de personnes au quotidien, tandis que 2,6 millions d'Européens sont affectés par le bruit du transport aérien.
Des effets délétères sur la santé
L’étude souligne que ces chiffres sont calculés à partir des seuils établis par l’Union européenne, limités à 55 décibels en journée et 50 décibels la nuit, dans son Environmental Noise Directive.
L’Organisation mondiale de la Santé fixe quant à elle des limites bien plus strictes. Selon celles-ci, c’est 30 % de la population de l’Europe qui est exposé à la pollution sonore, soit 150 millions de personnes.
Cette exposition a pourtant des impacts néfastes sur la santé. Elle peut engendrer du stress et des troubles du sommeil qui, au-delà d’affecter la qualité de vie, peuvent occasionner des pathologies bien plus sévères, "notamment des maladies cardiovasculaires et métaboliques, des troubles de la santé mentale et même des décès prématurés".
L’AEE estime à 66 000 le nombre de décès prématurés liés à ce phénomène, auxquels elle ajoute 50 000 cas de maladies cardiovasculaires et 22 000 de diabète de type 2. Elle explique aussi que "selon de nouvelles recherches, le bruit pourrait aussi potentiellement contribuer à des milliers de cas de dépression et de démence".
Des effets négatifs supplémentaires ont été détectés chez les enfants et les adolescents. La pollution sonore serait à l’origine de plus de 560 000 cas de troubles de la compréhension écrite, 63 000 troubles du comportement et 272 000 cas de surpoids infantile.
Vers une Europe plus calme ?
Pour la biodiversité aussi, la pollution sonore entraîne des dommages. L’étude démontre que 29 % des zones classées Natura 2000, un réseau de sites naturels visant à assurer la survie à long terme d’espèces et d’habitats menacés, la subissent, impactant les comportements de la vie sauvage.
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La faune marine est également exposée aux bruits intempestifs, dus au transport maritime, aux constructions offshores et à l'exploration marine. "La Manche, le détroit de Gibraltar, certaines parties de la mer Adriatique, le détroit des Dardanelles et certaines régions de la mer Baltique" sont les zones marines les plus touchées.
Malgré des solutions mises en place pour tenter de réduire la pollution sonore sur l’ensemble du continent européen, les effets de ces politiques tardent à se faire sentir. Entre 2017 et 2022, seuls 3 % des Européens ont vu leur exposition au bruit s’améliorer.
L’AEE identifie plusieurs leviers majeurs pouvant permettre de rendre l’Europe plus silencieuse, comme abaisser les limites de vitesse sur les routes, en particulier dans les zones densément peuplées ou inciter à utiliser des pneus moins bruyants. La création d’espaces plus calmes dans les zones urbaines peut aussi permettre à la population de diminuer son exposition quotidienne.