Avant que les émissions de gaz à effet de serre anthropiques ne dérèglent le bon fonctionnement du climat sur Terre, celui-ci reposait sur un équilibre entre émissions et absorption de ces gaz. Ces mécanismes naturels d’assimilation et de stockage sont appelés puits de carbone.
L’océan, principal puits de carbone
Les océans représentent le plus grand puits de carbone de la planète. Ils absorbent environ un quart du CO2 émis chaque année, notamment grâce au phytoplancton, ces micro-organismes marins qui captent le carbone et produisent de l’oxygène grâce à la photosynthèse.
Les forêts jouent aussi un rôle clé. En absorbant le CO2 lors de la croissance des arbres, elles stockent du carbone dans leur biomasse. Les forêts tropicales, comme l’Amazonie, sont particulièrement efficaces, même si leur capacité de stockage dépend de leur densité et de leur état de santé.
Autre réservoir méconnu : le sol. Il stocke du carbone sous forme de matière organique issue de la décomposition des végétaux. Ce stockage dépend largement des pratiques agricoles et de la santé de la biodiversité locale.
Des puits menacés par l’activité humaine
La déforestation massive, notamment pour l’agriculture ou l’exploitation du bois, réduit la surface forestière et donc la capacité d’absorption des forêts. Chaque hectare abattu libère du CO2 et diminue un puits essentiel. L’agriculture intensive mène également à l’appauvrissement des sols. L’usage de pesticides et la monoculture perturbent l’activité biologique nécessaire au stockage du carbone.
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Les océans, eux, souffrent de l’augmentation du CO2 atmosphérique, qui acidifie les eaux et fragilise les organismes marins, réduisant leur efficacité comme puits de carbone. Le réchauffement climatique lui-même crée un cercle vicieux : plus il fait chaud, plus les puits naturels sont affaiblis, et moins ils peuvent freiner le réchauffement.
Lors de la signature de l’Accord de Paris, les parties prenantes se sont engagées à atteindre l’objectif de zéro émission nette d’ici 2050. Cette ambition les oblige à "compenser" le CO2 émis, notamment finançant la protection des puits de carbone.
Ceux-ci n’ont pourtant jamais été en si mauvaise santé. En 2023, les forêts et les sols ont absorbé entre 1,5 et 2,6 milliards de tonnes de CO2 contre 9,5 milliards en 2022 selon un rapport publié en juillet 2024 à l’occasion d’une conférence internationale sur le cycle du carbone organisée au Brésil et relayé dans Le Monde.
Les puits de carbone sont pourtant aujourd’hui l’un des rares leviers naturels pour compenser les émissions que l’on ne parvient pas à réduire.